Testé à partir d'une version Française
et écrit par Bluheim. Photos par onipif.
Présentation :
Sorti sur Dreamcast européenne en Mai 2001, Skies
of Arcadia s'était immédiatement imposé comme
le meilleur RPG de la machine et l'un des tous meilleurs RPG console
jamais conçu. Sa sortie aujourd'hui sur Gamecube en version
"complète" sonne la fin de la pénurie de
RPG épiques dont souffre la Gamecube - comme la N64 avant
elle - depuis sa sortie. Le jeu a t'il perdu de sa superbe depuis
2001 ou demeure t'il le chef d'oeuvre adulé qu'il était
sur Dreamcast ? Verdict tout de suite.
Le ciel, le soleil et la mer ?
A première vue, avec ses bateaux à voile et
à vapeur, ses îles éparpillées un peu
partout et ses pirates sans foi ni loi, le monde d'Arcadia ressemble
à un classique océan comme on a pu en voir récemment
dans The Wind Waker. A ceci près que les bateaux ressemblent
plus à celui d'Albator qu'au Lion Rouge de Link et que l'eau
est aussi absente de la surface du monde que les envolées
lyriques pendant un concert de Alizée. Bref, vous l'aurez
compris, le monde d'Arcadia est un monde en suspension, les bateaux
y flottent dans le vide et les pirates de l'air n'y ont rien à
voir avec des terroristes kamikazes.
Tout ce petit monde vit plus ou moins paisiblement sous la protection
des six lunes colorées d'Arcadia. Bleue, jaune, rouge,
verte, mauve et argent, chacune de ces lunes abrite sous son aile
une civilisation et influence le terrain en fonction de ses pouvoirs.
Si la plupart des civilisations d'Arcadia ne montre que peu d'intérêt
pour les affaires des autres, il en est évidemment une
qui ne peut s'empêcher de lorgner sur l'herbe forcément
plus verte de ses petits voisins : le sombre Empire de Valua.
Planqués derrière les portes de leur forteresse
imprenable et probablement frustrés par l'inhospitalier
climat de la Lune Jaune, les dirigeants de l'Empire, gouverné
de main de fer par l'Impératrice Teodora 1er, font régner
la terreur sur le reste du monde - et font accessoirement preuve
d'une sérieuse affectation pour l'invasion au pied levé.
L'Empire n'est toutefois pas le seul à mettre le souk
dans les cieux du monde d'Arcadia. Comme il a déjà
été dit précédemment, on y trouve
également ici et là des pirates de l'air, armés
jusqu'aux dents et prêts à tout pour une poignée
de pièces d'or et un baril de Loqua - la boisson alcoolisée
locale à la mode. Ces pirates sont divisés en deux
factions opposées : les Pirates Noirs sont les classiques
pirates tels qu'on les imagine sillonnant les Caraïbes à
la recherche de villages à souiller et de jeunes vierges
à brûler - ou l'inverse, je ne sais jamais; les Pirates
Bleus sont eux des sortes de Robins des Bois flottant, à
la différence prêt qu'ils gardent l'argent pour eux.
Le jeu propose de prendre les commandes de deux jeunes Pirates
Bleus - Vyse et Aika - qui s'opposent aux plans forcément
machiavéliques de l'Empire de Valua - après que
ceux-ci aient eux la fâcheuse idée de détruire
leur village. Si l'éternelle histoire de l'empire maléfique
en quête de pouvoir absolu a déjà été
traitée de toutes les façons possibles - bref, rien
de bien nouveau sous le soleil (levant) des RPG japonais, elle
parvient ici à conserver une fraîcheur réellement
bienvenue. Comme si depuis l'avènement des 32 bits, on
avait oublié qu'il était possible de faire un RPG
sans héros amnésique ou réflexion métaphysique
pompeuse.
En route pour l'Aventure !
Oui, l'Aventure avec un grand A, voilà ce que propose
Skies of Arcadia Legends. Certains diront même que Skies of
Arcadia Legends est plus un jeu d'aventure qu'un RPG. Si c'est aller
un peu loin, force est de reconnaître que l'aspect RPG est
tellement ténu que le jeu flirte constamment avec la frontière
qui sépare les deux genres.
Le système d'évolution, tout d'abord, est plutôt
simpliste : les héros passent des niveaux et apprennent
des sortilèges grâce à des points d'expérience
et les "baiedelune" leur permettent de gagner des attaques
spéciales, souvent dévastatrices (et prétexte
à de jolis effets pyrotechniques)...et c'est tout ! La
gestion de l'équipement est tout aussi minimaliste : une
arme (un seul type utilisable par personnage), une armure et un
bijou par personnage, point barre ! Cette simplicité pourra
sans doute rebuter les fans de jeux comme Final Fantasy mais elle
permet au final (!) de se concentrer sur une seule et unique chose
: l'aventure en elle-même. Du coup, le rythme du jeu est
toujours très élevé et on ne perd jamais
de temps avec des soucis statistiques et logistiques. Ce qui plaira
à certains, moins à d'autres.
Les combats à pied sont également assez simples
- et globalement plutôt ratés, malgré de bonnes
idées. Si on retrouve la plupart des options classiques
des RPG japonais (attaque, super-attaque, magie, objet, fuite),
deux idées sympathiques font toutefois leur apparition
: la couleur des armes, qui permet d'adapter son arme à
la couleur de l'adversaire, et les points d'esprit qui permettent
de lancer les sortilèges et les attaques spéciales
et que partagent tous les membres de l'équipe pendant un
combat. Là ou le bât blesse, c'est que les combats
sont mous, peuvent parfois prendre des plombes même contre
de petits adversaires et que la gestion des points d'esprit n'est
que l'ersatz de ce qu'elle aurait du être. Si on ajoute
par là-dessus le fait qu'ils sont très nombreux
pendant toute la première moitié du jeu, on obtient
LE gros défaut du jeu, celui qui sera le plus susceptible
de décourager le joueur.
Ceci étant dit, les combats contre les boss (très
nombreux) demeurent intéressants de part leur puissance
et faire joujou avec les attaques spéciales fait toujours
son petit effet. Mais on était quand même en droit
d'attendre mieux de la part de Sega et surtout, on était
en droit d'attendre que le système de combat soit amélioré
pour cette version, ce qui n'est pas le cas...
Oh mon bateau...
Vous l'aurez déjà largement compris, les déplacements
sur la superbe carte du monde en 3D du jeu se font en bateau volant.
Ce qui a non seulement l'avantage de provoquer chez le joueur un
dépaysement et un émerveillement constant, mais également
de proposer un second type de combat, nettement plus intéressant
cette fois : les combats navals. S'ils ne sont pas encore parfaits
(la gestion des points d'esprit est une fois de plus largement bancale),
leur aspect stratégique et la puissance des ennemis rencontrés
(vous imaginez bien que si Vyse les combat à coup de canons,
c'est que ce ne sont pas des ragondins sauvages) les rend extrêmement
agréables à jouer. Un très bon point !
Puisqu'on en est à parler bateau, précisons que
Vyse pourra acquérir au cours du jeu son propre bateau,
qu'il pourra le faire évoluer avec différents équipements,
le peupler avec des membres d'équipage et qu'une fois arrivé
à la moitié du jeu environ, il sera assez puissant
pour ne plus être inquiété par les combats
aléatoires sur la carte. Ouf ! Parceque vu la taille et
la variété du monde d'Arcadia (qui est rond au passage),
c'est pas du luxe : déserts de sable, de glace, forêts
luxuriantes ou désolations rocheuses, barrières
de récifs, tornades, tout y passe ! Et le monde se permet
même de changer avec le scénario et d'être
très beau - artistiquement parlant - ce qui ne gâche
rien.
Définitivement, cette grandeur et cette variété
font pour beaucoup dans le charme incontestable de Skies of Arcadia
et confère au jeu une durée de vie assez impressionnante
: comptez une bonne cinquantaine d'heures rien que pour la quête
principale, quasiment sans temps mort - une telle maîtrise
rythmique méritait d'être soulignée. Ajoutez
à cela tous les à-côtés habituels -
création d'une base sur une île déserte, recherche
de découvertes, recrutement de membres d'équipage,
mini-quêtes, recherche des "baiedelune", pêche,
boss secondaires, etc. - et vous obtenez un jeu qui peut se targuer
de ne pas se foutre de la gueule du consommateur !
Un casting à la "Ocean"
Eleven
L'autre point fort du jeu est son casting de rêve.
C'est bien simple, il n'y a rien à jeter de ce côté
là, chaque personnage principal, qu'il soit du côté
des méchants ou des gentils est exceptionnel : de Galcian,
le commandant de la flotte impériale, inquiétant à
souhait à Vigoro, obsédé sexuel incapable d'aligner
deux phrases sans faire une allusion, en passant par Gilder, dandy
raffiné à la cabine bourrée de peintures de
charme ou l'inoubliable Ramirez, le casting est phénoménal
!
A tel point que voir tous ces gens tailler le bout de gras pendant
les cinématiques (en temps réel et jamais très
longues) est un véritable plaisir qu'on aimerait faire
durer pendant des heures, malgré l'absence bien regrettable
de doublage - héritage Dreamcast oblige ? A noter également
que l'équipe, composée au maximum de 4 personnages,
est amenée à changer au cours du jeu. Même
si on aurait pu espérer plus de personnages jouables (seulement
six), la qualité de ceux qu'on nous propose et leur intégration
parfaite dans le scénario valent largement le sacrifice.
Passons rapidement sur la jouabilité, puisqu'il n'y a
pas grand chose à dire à ce sujet dans un RPG, en
disant qu'elle est correcte. Pas fabuleuse mais pas catastrophique.
Elle fait ce qu'on lui demande quoi ! Ah si, la caméra
est toujours aussi pourrie et s'il existe une procédure
(une combinaison de boutons) pour la recentrer derrière
le personnage, elle est tellement lente qu'elle en devient inutile...
Et la "Legends" dans tout ça ?
En tant que version dites complète, cette version
Gamecube comporte quelques améliorations et ajouts par rapport
à la version originale sur Dreamcast.
Tout d'abord, grand soulagement, le temps de mise en place des
combats a été extrêmement réduit au
point d'être quasi-inexistant. Ceux qui ont joué
à la version Dreamcast sauront apprécié cette
optimisation à sa juste valeur. De même, les sauvegardes
sont plus rapides et globalement, le jeu semble plus fluide. Techniquement,
ceci dit, c'est bien tout ce qu'on peut noter comme amélioration.
Les petits gars de Overworks n'ont fait aucun effort pour adapter
les graphismes à la Gamecube et ça se ressent énormément
! Pire, ils ont même réussi à réduire
la qualité des musiques, probablement par manque de place
- le jeu tenant sur 2 GD-Rom dans sa version Dreamcast. Honteux
tant la qualité des compositions force le respect !
Du point de vue des ajouts, notons l'apparition de nouvelles
découvertes, d'une nouvelle mini-quête, de nouveaux
personnages secondaires, d'éclaircissements ici ou là,
de nouveaux objets et d'une liste des pirates Noirs recherchés
et faisant l'objet d'une mise à prix. Pas de gros chamboulements
donc mais la version la plus complète du jeu - malgré
l'absence remarquée de Pinta's Quest, le mini-jeu qui se
jouait sur la carte mémoire de la Dreamcast et qui ne servait...quasiment
à rien !
Conclusion :
Faisons court et clair : Skies of Arcadia Legends est le
meilleur RPG de la Gamecube. Les mauvaises langues diront que c'est
pas vraiment un exploit étant donné le niveau des
autres prétendants, les plus optimistes reconnaîtront
là une authentique réussite, loin d'être parfaite
mais de très haut niveau tout de même ! Un des meilleurs
RPG de tous les temps, tout simplement, même s'il a un peu
vieillit. Ceci étant, impossible de ne pas imaginer ce qu'il
aurait pu donner avec une réalisation remise au goût
du jour et un système de combat amélioré...
Plus :
- L'ambiance générale
- Le character design
- La durée de vie
- Les combats navals
- Les nouveautés
Moins :
- Les musiques qui perdent en qualité
- Pas d'amélioration graphique
- La gestion de la caméra
- Les combats un peu mous
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