Testé à partir d'une version Française et écrit par Laurent. Photos par onipif via une version US.
Briefing :
Après un Eternal Darkness prometteur sorti en juillet
2002, des rumeurs annonçaient que le talentueux studio canadien Silicon
Knights developpait un projet secret (et donc non une suite d’un de leurs
jeux). C’est en mars 2003 que furent révélées les
premières images de ce projet, qui n’était rien de moins
que le portage sur Nintendo Gamecube du mythique Metal Gear Solid sorti en 1998
sur PlayStation. Si certains, dont moi même, furent dubitatifs quant à
l’opportunité d’un tel remake, il fallut attendre l’E3
déroulé en mai 2003 pour connaître le but de ce remake.
Nintendo, via Shigeru Miyamoto, voulait absolument un MGS et a suggéré
l’idée de ce remake et celle de déléguer le projet
à Silicon Knights (Denis Dyack) envers Konami,via Hideo Kojima, fort
occupé par le troisième opus de cette série. On apprit
aussi que les cinématiques furent confiées à Ryuhei Kitamura,
jeune réalisateur japonais connu notamment pour son film Versus.
Ce premier trailer montrait à quel point cette collaboration pouvait
enrichir la trame scénaristique par une mise en scène survoltée,
impression qui se confirma par la suite au fil des extraits diffusés
sur le net.
Mon colonel, il reste cependant la question cruciale : ce remake vaut-il le
coup ou non ?
Tout d’abord, il convient de rappeler le scénario : l’unité
d’élite FOXHOUND, lors d’un exercice militaire sur l’île
de Shadow Moses, s’est révoltée et menace les Etats Unis
d’une frappe nucléaire (Shadow Moses étant une base d’essais).
S’ils n’obtiennent pas un milliard de dollars et les restes du
corps du soldat légendaire Big Boss, fondateur de FOXHOUND.
Ancien membre de FOXHOUND, Solid Snake est rappelé par son ancien chef,
le colonel Roy Campbell, pour déjouer les plans du groupe terroriste.
Snake aura alors un peu moins de vingt heures, plus précisément
dix-huit pour agir, sans ce douter que cette mission lui fera affronter les
fantômes de son passé et que Shadow Moses abrite en réalité
le projet d’un nouveau Metal Gear, tank capable de lancer une frappe
nucléaire qu’il a par deux fois détruit dans le passé
à Zanzibar et Outer Heaven.
Les nouveaux venus dans l’univers de Metal Gear pourront par ailleurs
lire les scripts de Metal Gear 1 et 2 afin de saisir la substantifique moëlle
[ça fait savant, hein ? ;)] du scénario dense de cet opus.
Alors, est-ce beau ?
S’agissant du remake d’un jeu PlayStation sorti
en 1998(1999 en Europe…Pouha cela ne nous rajeunit pas !), la première
chose que nous allons regarder est la refonte des graphismes.
Le moteur de MGS2, conçu pour la PSII, a été utilisé
ici et peaufiné. Certains auraient sans doute préféré
un moteur fait pour le Cube, mais cela aurait demandé sans doute trop
de temps. Pour ma part, un tel choix est appréciable car ce moteur reste
performant et permet de garder l’homogénéité visuelle
avec MGS2.
Néanmoins, l’équipe de Denis Dyack a amélioré
beaucoup de points sur le plan technique. L’animation est plus fluide
et vide que MGS2, même si certaines (légères et rares) baisses
de framerate se font parfois sentir. Point le plus curieux, elles surviennent
lorsque rien ne semble le justifier à l’écran (hormis la
seconde « salle » du jeu).
La modélisation des personnages est elle très proche de MGS2.
Ils paraissent très réalistes et leurs expressions faciales sont
extrêmement bien rendues. A noter quand même un relatif manque de
polygones composant Meryl (mais rassurez-vous, elle reste charmante). Les textures
sont simples mais assurent un excellent rendu, fidèle à l’esprit
froid, technologique et militaire de la mission. Les gardes ont quant à
eux gagné en détails graphiques et les jeux de lumières
sont sublimes, notamment la gestion dynamique des ombres (à prendre en
compte si vous ne voulez pas vous faire repérer). Le moteur physique
reste performant et permet de faire chuter les gardes d’une balustrade,
de briser des vitres, des bouteilles, etc…
Mais ce qui m’a le plus frappé reste l’intelligence artificielle
(IA) accrue des gardes. En effet, ces derniers nous repèrent plus facilement,
et ceci grâce à l’ombre de Snake, des pas sur les plaques
métalliques, etc… Une fois repéré, peu de chances
de leur échapper. Ils n’hésitent pas à regarder
sous les bureaux, les camions, sous lesquels Snake peut se cacher, et le cas
échéant, le faire sortir à la grenade ou tirer après
avoir envoyé des stun grenades pour vous éblouir. Le stress
inhérent à l’infiltration est bel et bien présent,
vous forçant à la plus grande vigilance et à mesurer
les conséquences de vos moindres faits et gestes (comme par exemple,
casser la radio d’un garde que vous venez de mettre dans les vapes pour
qu’il ne puisse donner l’alerte à ses compagnons une fois
réveillé).
Pour finir sur un point négatif, un aliasing se fait parfois ressentir,
malgré l’utilisation du câble RGB, il s’agit sans
doute de ce qui est le plus décevant techniquement, le Gamecube nous
ayant habitués à mieux au niveau de l’affichage.
L'exigence du gameplay :
Ce remake intégrant le gameplay élaboré
pour MGS2 et par la Dualshock2, la question de la maniabilité etait cruciale
pour assurer un plaisir optimal. Il fallait faire oublier la maniabilité
« poulpesque » de MGS2 substance sur XBOX, de par la disposition
inappropriée des boutons sur cette manette. La prise en main de Twin
Snakes s’avèrera assez déroutante, bien que logique, pour
ceux qui comme moi, ont passé des dizaines d’heures sur MGS2 dans
sa version PSII. Un temps d’adaptation sera nécessaire mais je
peux vous dire que la transition s’est bien passée pour moi. Le
seul point gênant à mes yeux est que, pour tirer en courant, il
faut maintenir A+B alors que seul L1 est suffisant sur DualShock2. Mais là
encore, on chope le coup rapidement, et de plus, contrairement à d’autres,
la disposition du bouton Z pour la vue subjective ne me paraît pas un
désastre si tant est que la manette Gamecube vous est familière.
Le gameplay de MGS2 apporte beaucoup dans le sens qu’il permet d’appréhender
différemment le jeu par la possibilité de franchir des balustrades,
de se laisser tomber sur le garde en dessous, de faire des roulades, de tirer
puis de se re-planquer, de « freezer » (mettre en joue), ou encore
de cacher les corps…
On peut donc conclure que le pari du gameplay a été remporté
haut la main par Silicon Knights et Konami. Reste à voir l’intérêt
intrinsèque de se remake.
Des serpents mordants ou inoffensifs ?
Eternel dilemme lorsque l’on a affaire à un
remake : vaut t’il la peine que l’on y joue, voire qu’on l’achète
?
Si la réponse était un « oui » sans hésitation
pour Resident Evil Rebirth, tant ce remake apportait son lot d’innovations
à tous les niveaux et magnifiait le jeu original, il n’en est pas
de même pour Twin Snakes. Le déroulement, la structure et les mécanismes
du jeu restent inchangés par rapport à l’original (sauf
l’intégration du gameplay de MGS2 bien évidemment). L’intérêt
de Twin Snakes réside ailleurs. Laisser carte blanche à Kitamura
fut une grandiose idée, reflet de la symbiose grandissante entre les
mondes du jeu vidéo et du cinéma. Il a su parfaitement transcender
les personnalités de chaque personnage tout en y ajoutant sa touche personnelle
par l’utilisation de plan sanguinolents, violents, brutaux, voire gore.
De nombreuses références aux arts martiaux sont présentes
aussi. La mise en scène hollywoodienne se retrouve teintée d’une
touche de film d’action asiatique.
Bien sûr, ces cinématiques sont encore plus exagérées
que dans MGS2 (est-ce possible ?) : c’est gros, c’est énorme
mais que c’est bon ! A condition évidemment de se plonger dans
le trip proposé.
Pour ma part, je dois avouer que je préfère MGS2 au 1. Mais
le scénario du 2 m’avait permis d’apprécier celui
du 1 a posteriori. Ce remake permet d’avoir enfin une vue d’ensemble
de ce que Kojima veut nous faire comprendre. Les deux scénarii forment
un labyrinthe aux méandres tortueux et il est nécessaire de
faire un certain effort pour en sortir avec toutes les clés en main.
Le pari était de marquer l’esprit des joueurs, et même
de l’inciter à prendre des distances vis-à-vis du jeu.
Cela se remarque car quelques clins d’œil au joueur, notamment
lors du combat contre Psycho Mantis ou lors de cinématiques à
prendre au 3ème degré (Snake qui pète un plomb face à
Baker, une scène d’anthologie).
Conclusion :
Mais c’est un fan qui vous parle !
Cet achat qui m’a semblé indispensable le sera t’il pour
vous ?
Si vous êtes fan aussi, oui ! Ce remake sera pour vous l’occasion
de retrouver Snake et de patienter jusqu’à MGS3 et vous offrira
un challenge suffisamment ardu tout en vous réservant son lot de surprises.
Sans compter sur les musiques subliment réorchestrées donnant
ainsi encore plus d’impact à Twin Snakes; vous serez aux anges.
De plus, certaines armes comme le Nikita ou le Stinger ont subies quelques "améliorations"
;)
Ceux qui n’ont jamais joué à MGS peuvent quant à
eux foncer, si tant est qu’ils se sentent prêts à s’investir
plus qu’à l’accoutumée (surtout sur console Nintendo)
dans un jeu ou les cinématiques « fleuves » ne les rebutent
pas. Ah ! J’oubliais : bourrins s’abstenir ! Pour les autres, l’occase
est vivement conseillée. Pour ma part, pas de doute : « Quand on
aime, on ne compte pas » ;).
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